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FORÊT COMMUNALE

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Une présentation de Moumour serait incomplète si elle se limitait au seul territoire communal.
Moumour possède en effet une richesse extérieure, sa forêt qui se situe entièrement sur le territoire de la commune de Géronce dans le massif forestier de Josbaig qui regroupe sept forêts communales sur 1 274 hectares.
La Forêt communale de Moumour provient du partage de l’ancienne Forêt Indivise dite de Josbaig, appartenant aux communes de Géronce, Orin, Moumour, Saint-Goin, Géüs- d’Oloron, Aren et Préchacq-Josbaig. L’origine de cette propriété remonte à un bail à fief de tout le territoire dit de Josbaig, consenti le 8 mars 1492 par le Roi et la Reine de Navarre à ces sept Communes. Tout ce territoire demeura en propriété indivise de ces sept Communes jusqu’à l'acte de partage passé le 4 octobre 1892.
Mais, le partage entre les trois communes de Géronce, Orin et Moumour des 418 ha relevant du Régime Forestier dénommé « Forêt Communale Indivise de JOSBAIG » fut établi en 1905.
Au-delà de cette particularité historique, la forêt communale reste une réalité économique effective par le produit de son exploitation mais c'est aussi un précieux réservoir naturel de biodiversité. La convergence de ces deux fonctions guide le programme de gestion et de mise en valeur par la commune de ce patrimoine particulier.

  • HISTOIRE DE LA FORÊT DE JOSBAIG

Au travers de l'étude « territoire, patrimoine et formation socio-spatiale, exemples gascons » (in Annales de géographie, t. 102, n° 573, 1993, pp. 472-502), G. Di Méo, J-P Castaings et C. Ducournau retracent ce contexte historique (extrait ci-dessous).

« Entre Joos et Gave, chaque communauté disposait traditionnellement de terres alluviales de grande valeur agricole : openfield céréalier soumis à la redistribution périodique des parcelles et à la vaine pâture sur les champs récoltés et les jachères. A l'ouest et au sud-ouest, les hauts versants des collines portent toujours les forêts que les sociétés d'antan exploitaient à la fois pour le bois d’œuvre, le bois de chauffage, mais aussi pour le pacage couvert qu'elles offraient (notamment à cinq ou six mille porcs en Josbaig au XVIe siècle) et mille autres ressources (gibier, miel, fruits...) apportant un complément appréciable de subsistances à des paysans qui n'engrangeaient que de maigres moissons. Dans la partie basse des versants collinaires et jusqu'à la rive gauche du Joos, des landes à fougères (« touyas » et « dailhens ») gagnèrent au fil du temps sur la forêt. D'usage d'abord collectif, elles firent objet à la fin de la période moderne d'emparements individuels. Closes de haies vives et bonifiées, elles devinrent alors de bons pâturages convoités. Dans un système agro-pastoral où la vaine pâture sur les champs ouverts de la plaine ne suffisait pas à l' appétit des troupeaux (surtout ovins), la survie du bétail dépendait de l'accès aux espaces providentiels de la forêt et des dailhens. Les villageois béarnais du Moyen Age ne répugnaient pas à la lutte pour obtenir et sauvegarder leur usage. Dans ce dessein, les conflits mais aussi les alliances entre communautés allaient bon train. Leurs suzerains, les seigneurs du cru, n'étaient pas en reste. Ils se disputaient aussi le privilège exercer leurs droits sur des massifs et des terres toujours plus vastes Dans ce contexte les « bois et herms » de Josbaig constituèrent un enjeu économique appréciable qui mit aux prises une bonne dizaine de communautés et quelques féodaux. Ainsi privés de forêts et de landes, les gens de Moumour, voisins du Josbaig, parvinrent au XIIIe siècle à se faire reconnaître des droits sur la forêt Josiane. Ce, malgré les protestations des communautés installées dans la vallée du Joos qui l'exploitaient jalousement, avec la complicité de leurs voisines d'Aren, de Dous et d'Orin. Dès lors Josbaig et Moumour firent néanmoins alliance et affrontèrent ensemble d'autres convoitises : celles de la Soule notamment. En fait, l'effort des villages du Josbaig et de Moumour pour écarter leurs concurrents achoppa devant les concessions que seigneurs et souverains accordaient contre de argent à d'autres communautés du voisinage. Conscientes du risque qui pesait sur le patrimoine forestier jouxtant leurs finages, les communautés de Josbaig et Moumour obtinrent audience auprès de la reine Catherine de Navarre en 1491 et parvinrent à lui démontrer l'intérêt capital que revêtait pour elles « l'affièvement des bois de Josbaig, car leur population et leur bétail (étaient) tellement importants que les territoires de chacune des communautés ne (pouvaient) suffire à nourrir et reproduire correctement l'ensemble du troupeau... ». Convaincue par cette supplique, Catherine de Navarre affièva alors le massif de Josbaig au profit des communautés de Moumour, Orin, Géronce, Dous, Geus, Saint-Goin, Préchacq et Aren, en échange une somme de 300 écus. 

 

Ainsi huit communautés voisines et alliées réussirent à faire prévaloir leurs intérêts économiques et se regroupèrent (sans perdre néanmoins leur identité) en vue de exploitation d'un bien commun, vite transformé en patrimoine car approprié de fait par les valléens. Cette véritable annexion du massif forestier par les communautés de Josbaig et de Moumour accompagna de la mise en place d'une « jurade » représentant chacun des villages et chargée de gérer le nouveau bien commun. Afin de sauvegarder ce patrimoine, les josians s'efforcèrent de l’ériger en territoire, de le légitimer par de pseudo « frontières naturelles » : le Gave, à l'est et au nord, la ligne de faîte des collines qui séparent le Béarn du Pays basque à l'ouest, le ruisseau du Vert qui isole Moumour au sud-est.(.....)

 

Cependant, au XVIIIe siècle et surtout au XXe, devant la montée de « l'individualisme agraire », en fonction aussi des progrès de agriculture (apparition au XIXes. des engrais et du machinisme agricole) qui encouragèrent la suppression de la jachère et intensification des cultures, le système collectif du Josbaig dont intérêt économique se dissipait ne pouvait qu'éclater. De plus, le développement et l'extension territoriale de autorité monarchique à partir du XVIe siècle, plus encore le souci d'uniformisation de la Révolution « s'employèrent - comme le dit J.-Soulet (1987) – à détruire les organisations de gestion collective existantes ». Les besoins financiers croissants des collectivités locales poussèrent aussi dans ce sens. En fait, dès 1709, un premier partage des communaux attribuait en jouissance à chacune des communautés de Josbaig et à Moumour une partie des terrains indivis. Dès cette période, en fait, chaque village gérait pour son propre compte les « dailhens » (landes fougères qui font objet du droit de« dailh » - de fauche-) ; le massif forestier et une partie des landes restant encore en indivision. A la fin du XIXe siècle, le divorce devint inévitable, d'autant que les enclosures amélioraient l'économie agro-pastorale (meilleure fumure et rendements accrus des prairies) tout en donnant de la terre à ceux, toujours plus nombreux, qui en réclamaient. Avec les moyens modernes de culture, les défrichements et le gain de nouvelles parcelles cultivables sur les touyas et dailhens devenaient possibles. En 1882, les bois et landes de Josbaig firent objet d'un partage entre les sept communes initiatrices de la communauté Josiane. »

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  • GESTION ET EXPLOITATION DE LA FORÊT COMMUNALE

La Forêt communale de MOUMOUR d’une superficie de 152.44 hectares, divisée en 26 parcelles, relève du régime forestier et possède un document de gestion : L’Aménagement Forestier (durée de 15 ans, 2010-2024). Il est mis en œuvre par l’Office National des Forêts qui assure une gestion durable multifonctionnelle de ces espaces naturels tout en préservant l’intérêt du propriétaire. 

 

Les principes de gestion concilient les fonctions économiques (production de bois), écologique (préservation de la biodiversité, préservation des risques naturels) et sociale (chasse, randonnée, VTT, ramassage de champignon, affouage…) de la forêt. Ils confèrent un véritable statut de protection du patrimoine forestier contre les aliénations, les défrichements, les dégradations, les surexploitations et les abus de jouissance. 

 

Les 152,44 hectares boisés de futaie régulière vieillissante sont essentiellement composés de chêne pédonculé (44%), de hêtre (30%), de résineux (9%). Aujourd’hui, le chêne pédonculé subit un dépérissement. Cette essence a été favorisée depuis des siècles par l’action de l’homme pour notamment l’alimentation du bétail. Mais à l’heure actuelle, il se trouve dans des conditions écologiques défavorables suite au réchauffement climatique. 

 

Ces constats (vieillissement, dépérissement) montrent que l’enjeu primordial pour cette période d’aménagement est le renouvellement des peuplements à durée de survie limitée. Cette substitution est réalisée par des travaux de plantation ou d’enrichissement en chêne sessile après les coupes définitives des zones à régénérer. 

 

Sur la période 2010-2019, environ 20 ha ont ainsi été régénérés par parquet d’une surface minimale de 0.5 ha. Le chêne sessile, moins exigeant, constitue la principale essence objective sur la majeure partie de la forêt. La substitution progressive du chêne sessile au chêne pédonculé est déjà entamée depuis une quinzaine d’années. Il occupe actuellement 6% de la surface. 

 

Le prélèvement au cours de cette même période s’élève à 6913.14 m3, soit une production moyenne annuelle de 768 m3/an, ou 5 m3/ha/an. Le chêne pédonculé représente 49% du volume récolté, le hêtre 46% et les autres feuillus 6%. Le bois d’œuvre représente les 2/3 de cette production et un tiers, soit environ 350 stères annuels, est délivré pour le bois de chauffage aux habitants de Moumour. Des lots d’affouage sont constitués et vendus 6 € le stère. 

 

Pour la période 2010-2019, les recettes atteignent 301 090 €, et la dépense totale s’établit à 120 000 €, pour des travaux de fonctionnement ou d’investissement.

La quasi-totalité des dépenses a été affectée à des travaux d’investissement. Ceux-ci ont surtout porté sur les travaux sylvicoles de régénération naturelle ou artificielle, des peuplements. Ils se justifient par la substitution du chêne sessile au chêne pédonculé. Les travaux sylvicoles de régénération comprennent les travaux de plantations, de dégagement, de nettoiement-dépressage. À partir de 2020, les plantations ne seront plus protégées d’une gaine plastique. L’ONF a décidé de mettre en place un nouveau système qui consiste à pulvériser les plants d’un répulsif écologique afin de les protéger de la dent du chevreuil. 

 

La commune est membre du Syndicat Forestier des Chênaies des Vallées Basques et Béarnaises, bénéficiant ainsi d’aides publiques pour les travaux d’investissement. 

Elle porte un réel intérêt à sa forêt puisqu’elle réinvestit chaque année environ 40% dans des travaux forestiers. 

 

Produire du bois tout en préservant mieux la biodiversité est une démarche dans le respect de la gestion multi-fonctionnelle des forêts.

Les forestiers de l’Office National des Forêts mènent au quotidien des actions de préservation et de renforcement de la biodiversité, parmi lesquelles : 

  • la conservation d’arbres morts et d’arbres à cavités, essentielle au maintien de la biodiversité. Le gestionnaire de terrain a pour rôle d’identifier et marquer les arbres habitats « arbre bio » en apposant un triangle de couleur pointé vers le bas. Cette marque visuelle évitera leur exploitation lors des coupes,

  • l’encadrement des chantiers en forêt, afin de préserver les sols forestiers,

  • la préservation de l’équilibre forêt-gibier.

 

De plus, la forêt communale de Moumour possède un îlot de vieux bois d’une surface de 1.30ha. Au même titre que les arbres « bio », cet îlot a pour objectif d’accroître la diversité biologique de la forêt. En effet, le vieillissement des arbres constitue des micro-habitats indispensables à de nombreuses espèces animales et végétales. 

 

Dans les années à venir, l’ONF prévoit la mise en place d’une trame de vieux bois sur le massif de Josbaig. Les anciennes palombières seront utilisées en îlot de vieux bois et seront reliées entre elles par des corridors écologiques pour une fonctionnalité optimale. Les corridors permettront aux espèces de migrer naturellement d’un espace à un autre sans discontinuité ou sans risque d’être piégées par un milieu ouvert (coupe définitive par exemple). 

 

Parallèlement, un parcours pédestre sera installé et agrémenté de supports pédagogiques afin d’expliquer et de sensibiliser les promeneurs à la gestion de leur forêt. 

 

Laissez-vous tenter par une balade en forêt !

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